C’est quoi une pyramide ? Histoire d’en finir avec la pyramidologie

A la vue des éléments du net, de mes lectures sur l’Egypte ancienne, je constate de plus en plus un décalage entre le savoir scientifique et ce que le public en perçoit. C’est dans ce décalage que la pyramidologie et ses théories plus ou moins farfelues mais non-démontrées s’engouffrent.

J’avais envie de traiter de la pyramidologie car j’estime de ce que j’en vois qu’il est important de comprendre de quoi il en retourne pour plusieurs raisons :

  • En privilégiant des théories fausses, on favorise chez l’individu une perte d’avec la réalité. Généralement, la croyance en la pyramidologie ne constitue qu’une porte ouverte vers d’autres théories plus dangereuses telles que les théories du complot. Nous y reviendrons dans cet article de manière plus approfondie.
  • « Le savoir c’est le pouvoir. » Sans aller jusqu’à l’exercice du pouvoir à la Littlefinger, savoir c’est avoir de l’emprise sur ce que l’on sait, sur ce qui est, sur ce que nous sommes. C’est comprendre pleinement ce qu’il en est, les limites et les parts d’ombres de notre Histoire, de notre raisonnement.
  • C’est s’éviter les pièges, se construire, se développer là où dans le cas opposé, on se retrouve asservi.
  • C’est dépasser la phase d’un raisonnement par similitudes et analogies pour s’intéresser à la méthode scientifique et, finalement, se rendre compte qu’un raisonnement comparatif est insuffisant et erroné.

Il y a bien sûr d’autres motifs et raisons. Je pense que c’est aussi à chacun de s’occuper d’y réfléchir et de trouver ses propres raisons.

Cependant, il y a des points que je voudrais aborder. Si je souhaite faire un article sur la pyramidologie c’est avant tout car j’y ai été souvent confronté dans mes lectures dans certaines discussions que j’ai pu avoir. J’ai remarqué que, pour un lecteur qui se pose des questions sur ces théories, il est très difficile voir quasiment impossible de trouver un article qui critique et décortique l’intégralité des arguments mis en avant.

Bien souvent un lecteur qui se posera des questions en sera réduit à tomber sur des articles de pyramidologie ou de récentisme ou bien à poser des questions sur des groupes de discussions avec leur caractère temporaire et disparate. De quoi favoriser l’abandon de la recherche devant la difficulté et le temps nécessaire à l’investigation.

Voilà donc l’état des choses au moment où j’ai décidé d’entreprendre l’écriture de cet article. De manière plus personnel, j’estime qu’il est nécessaire de fournir à ceux qui s’interrogent des éléments de réponses. Je ne prétends pas convaincre les pyramidologues. D’ailleurs, le veux-je seulement, est-ce possible ? Non, je souhaite avant tout fournir matière à réfléchir à celui qui se pose des questions. Donner de quoi exercer son esprit critique.

Voyons donc sur quoi nous pouvons l’exercer au travers de quelques points, les uns après les autres. On s’intéressera surtout aux arguments pour les critiquer.

« On retrouve des pyramides partout, la même architecture, les mêmes éléments. Ça ne peut pas être une coïncidence. »Pyramides partout - Notions d'Histoire

  • « On trouve des pyramides partout. »

Oui, car il s’agit de la construction architecturale la plus simple à mettre en oeuvre et la plus pérenne dans le cadre de construction massives. En effet, la structure en empilement est l’une des manières la plus simple de réaliser un édifice. Si simple que lorsque vous emmenez un enfant à la plage c’est ce qu’il réalisera. La structure en tas n’est donc en rien spectaculaire au sein des premières civilisations si on prend le temps d’y réfléchir.

En termes de temps et de développement technologique, la structure pyramidale est donc simplement la réalisation qui s’impose par les moyens technologiques à disposition à ce stade du développement humain.

  • « Oui mais c’est tout de même la même architecture, les mêmes éléments quoi ! »

Le problème de cela, c’est qu’il s’agit d’un simple biais de confirmation. Parce que, à bien y regarder, déjà en Egypte, les pyramides sont loin d’être semblables. Au sein d’une même civilisation, on a déjà des pyramides très différentes.

Comparaison Snefrou-Djeser - Notions d'Histoire
Effectivement, déjà en Egypte, les pyramides se ressemblent toutes, elles sont toutes pareilles, sans différences. Et après on va venir me parler de « méthode très rigoureuse de recherche ».

Qui plus est, quand on regarde les pyramides que les pyramidologues comparent, il y a des différences d’une part. D’autre part, les pyramidologues ne comparent en photo que ce qui peut se ressembler. Voilà ne serait-ce que pour l’argument de la ressemblance physique.

C'est pareil non ? - Notions d'Histoire
Une ressemblance flagrante n’est-il pas ?

Le problème est donc que les différences éventuelles sont éliminées par choix lors de la sélection des images par les pyramidologues et que ces derniers se concentrent en prime sur les points communs sans tenir compte des différences et des spécificités. Notamment au niveau des finalités des pyramides qui sont différentes :

  • En Egypte, il s’agit de tombeaux physiques ou spirituels (cénotaphes).
  • En Amérique, c’est plutôt une structure religieuse cérémonielle, c’est-à-dire plutôt des temples.

Loin des coïncidences, il faut donc prendre les choses dans leur ensemble et non uniquement pour ce qui nous intéresse. Encore moins uniquement pour ce qui confirme nos propos.

Là encore, on est sur quelque chose de simple à démontrer, à expliquer. On peut se demander si les individus qui diffusent ce genre d’idées sont vraiment honnêtes dans leur raisonnement et leurs intentions.

La question des moyens techniques et de l’absence de connaissances sur la réalisation des pyramides.

  • « Les humains égyptiens n’avaient pas les moyens techniques de construire les pyramides. »

 

Pyramide impossible - Notions d'Histoire

C’est un des moments où je m’interroge profondément sur les capacités réflexives de ceux qui balancent à tout va qu’ils pensent mieux que les autres et qui relayent ce genre d’affirmations.

Parce que lorsque tout est indiqué, quand on trouve ces informations sur Wikipédia (ce sur quoi on tombe lors de la première recherche internet tout de même), quand on dispose des outils de construction, certains au musée du Louvre, quand on dispose des carrières d’extraction des pierres, quand on dispose même de la manière de couper et d’extraire les blocs, je ne sais pas ce qui fait dire à certains que les moyens n’existaient pas. Hormis une ignorance crasse ainsi qu’une absence de recherche flagrante.

Pour des gens qui se disent informés, critiques et qui eux réfléchissent, ça la fout plutôt mal.

  • « Les outils sont en vérité inadaptés »

A cela certains répondent que l’outillage en cuivre des égyptiens ne permettait pas ces réalisations, que le cuivre est un métal trop mou. Là encore, il s’agit d’une preuve d’ignorance. Le cuivre égyptien est un cuivre arsénié c’est donc un cuivre plus dur que le cuivre pur, du fait de la présence d’arsenic. Par ailleurs, des techniques complémentaires (utilisation de sable avec les outils en cuivre pour scier par exemple) sont à prendre en compte et permettent d’expliquer ces réalisations égyptiennes que sont les pyramides, avec des outils en cuivre.

  • « On a toujours aucune idée de comment les pyramides ont été construites. »

Si par là, certains veulent dire qu’on a toujours pas retrouvé une notice de montage Ikéa alors oui. En revanche, on a plusieurs théories qui fournissent des explications plausibles et assez satisfaisantes. Ces théories sont largement plus satisfaisantes, explicatives, y compris avec leurs écueils. A l’inverse, les théories pyramidologiques sont fantaisistes et se content d’affirmer une impossibilité.

Tout ce que l’on peut voir ici c’est que l’argumentaire des pyramidologues est d’une part incomplet, partiel mais également orienté et partial.

Il n’y a bien souvent de mystère que lorsqu’on l’entretien.

  • « On ne sait/ne peut pas dater les pyramides »

Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cet argumentaire est principalement appliqué sur la grande pyramide de Gizeh, encore une fois. Toujours avec la logique que, si on démontre quoi que ce soit sur celle-ci, alors il en est de même pour les autres.

J’ai déjà repris et déconstruit cet argumentaire concernant la datation. C’était dans un article de contre-argumentaire concernant Jacques Grimault et La révélation des pyramides. Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez vous rendre directement sur la troisième partie.

C’est peut-être un peu technique certes. Cependant, affirmer qu’on ne peut dater la pyramide est déjà une affirmation péremptoire et totalement infondée. On s’en rend vite compte quand on s’intéresse véritablement à comment dater la pyramide. Le moyen le plus précis est la datation astronomique de la pyramide.

Dire qu’il n’est pas possible de dater la pyramide, on se rend vite compte que non seulement on peut dater la pyramide, mais qui plus est, que cela est possible de plusieurs manière différentes.

Pour ce qui est des autres pyramides, c’est exactement la même chose dans la manière de procéder et, si on ne possède pas forcément de datation absolue, on dispose de d’autres moyens de datations, d’attribution, etc. En fait, c’est tout le travail des égyptologues qu’il est possible de suivre, pour peu que l’on prenne la peine de lire.

Cependant, d’un point de vue pyramidologique, le choix de la grande pyramide par rapport à d’autre est factuellement intéressant. En effet, ce choix n’est pas anodin car on ne trouve qu’une fois mention de Khéops dans la Grande pyramide. Pour la pyramidologie, il est plus facile de s’en prendre à la pyramide de Khéops plutôt à la pyramide de Djéser car il reste plus de zones d’ombres exploitables sur la première. Se pose encore une fois la question de l’orientation du discours pyramidologique.

« Les pyramides sont en réalité tout autre chose. »

D’accord, je vous demande juste un instant pour que j’ouvre mon troisième œil et je vous écoute messieurs, dames.

Tabloïd Egypte - Notions d'Histoire
Voilà comment on se rend compte que les théories farfelues ont encore la part belle dans les tabloïds. On remarquera les 3 interrogations reprenant directement le discours pyramidologique.

Comment ça je me moque ? Comment ça c’est pas bien ? Voyons, si je vous affirme là, tout à fait entre nous, qu’un canard en plastique géant, propulsé par une technologie avancée d’énergie libre va venir percuter la Terre depuis Mars, quelle serait votre réaction ? Ne riez pas, c’est très sérieux. La NASA le sait mais vous le cache, « réveillez-vous bande de moutons ». Voilà le type de propos que je peux lire.

Oui, difficile de rester sérieux et en prime, il n’y a aucun argument, aucune source fiable. Pire encore, bien souvent, on a suffisamment d’éléments qui réfutent ces théories loufoques servies par des pyramidologues. Prenons-en quelques-unes ensemble. Parce que j’ai envie de vous faire partager ma souffrance.

  • Théorie 1 : La grande pyramide est en réalité une horloge cosmique/céleste car elle est alignée précisément sur les étoiles.

Fonctionne aussi selon les discours avec l’ensemble des pyramides de Gizeh. Grace à cette horloge nous avons donc un message. Le tout est de savoir lequel et que les pyramidologues se mettent d’accord dessus car les réponses divergent déjà beaucoup. Pour certains, c’est une variation de l’apocalypse, d’un cataclysme, etc.

Pour ceux qui ont un peu de mal à se représenter la chose, la grande pyramide est en quelque sot un minuteur tomate de cuisine servant à indiquer la fin de la marinade de l’humanité et le passage à la cuisson.

Sauf que, l’alignement avec les étoiles n’est pas ce que les pyramidologues en disent. Si la grande pyramide est bien construite en fonction d’un certain alignement (qui permet en autre de proposer une datation comme nous l’avons vu plus haut) il faut savoir deux choses :

  1. La première c’est que l’angle des couloirs de la pyramide ne correspond pas aux étoiles indiquées. Le problème donc, c’est que les « aiguilles » ne pointent vers rien de particulier. Déjà cette partie de la théorie « cosmique » est légèrement mise à mal. Pour le reste de l’alignement d’avec les étoiles, il s’agit surtout d’approximations. Rien n’est précis et c’est bien la le problème. Il s’agit plus d’une tentative de mise en corrélation a posteriori.
  2. Deuxièmement – et désolé pour nos amis platistes- , la révolution terrestre fait que, dans l’idée d’un alignement avec les étoiles, cela ne durerait que quelques secondes. Concernant une horloge ultime, je laisse chacun juge de l’efficacité.
  • Théorie 2 : c’est un générateur d’énergie électrique/vibratoire/nucléaire/libre.

Je vais donc revenir sur un argumentaire des tenants de cette théorie. Argumentaire qui peut prendre diverses formes mais dont le point de départ qui se résume bien souvent à peu. On peut distinguer deux élément à la base de cette théorie : soit il s’agit du pilier djed que certains prennent pour une partie d’un appareil électrique (souvent un condensateur, soit que des individus en regardant le plan de la chambre du roi de la grande pyramide y voit un condensateur électrique. A cela, certains ajoutent donc des éléments comme les résonances de Schumann pour affirmer que la pyramide était une centrale électrique. D’autres expliquent qu’en fait elle produisait de l’hydrogène par réaction nucléaire. Le problème c’est que ces théories ne sont à aucun moment appuyées par rien. Ni preuve, ni source, ni argument fiable. Pas de démonstration non plus, uniquement des suppositions que l’on prend comme des preuves.

Voilà le raisonnement qui s’est mis en place. Parce que pour les tenants de cette théorie, cela représente une partie d’un générateur électrique (condensateur, bobine de Tesla, etc) alors « ça se ressemble donc c’est pareil ! » et la pyramide est donc une centrale à énergie. Je laisse encore une fois à chacun le loisir d’apprécier toute la rigueur et la scientificité de cette théorie mais également de la méthode employée.

Pourtant c’est là où on commence à se rapprocher des propos de Von Daniken, notamment avec l’argumentaire qui veut faire des pyramides la trace d’une civilisation supérieure/atlante/extra-terrestre. Faisons simple et court parce que ça part dans tous les sens : j’attends tout bonnement des preuves et des démonstrations. Parce que jusqu’ici ceux qui cautionnement ces théories n’en ont pas.

Pour ceux qui voudraient voir un peu l’étendu de la chose, voici quelques lectures :

Je pense que cela permettra aisément de faire le tour des propos sur le point abordé.

  • « Trop de coïncidences. » ou la recherche d’une démonstration par la numérologie et les rapports mathématiques.

Ce sont là quelques mesures prises par les pyramidologues pour démontrer par une prise de risques bien calculée que tout ou partie des points évoqués dans cet article à propos de leurs théories est vrai. Aussi vrai que 1+1 = phi.

Or, il ne s’agit bien souvent que d’un raisonnement circulaire. On trouve des rapports partout à partir du moment où on les cherche. Encore faut-il prouver une intention volontaire de les placer là. Bizarrement sur ce fait l’argumentaire connaît des défauts majeurs.

Et puis, nous aussi on peut jouer à ça pour démontrer des théories hein :

Du Phi dans mon big mac - Notions d'Histoire
Du Phi dans mon Big Mac ? C’est probablement la preuve d’un message qu’une civilisation supérieure essaye de me faire passer pour me prévenir de la fin du monde. Ou pas.

Sauf que, même si on a bien ri, ça n’amène toujours aucune preuve.

  • « Il est impossible de construire la grande pyramide à l’époque. »

Il faut simplement comprendre que les anciens égyptiens étaient trop idiots. Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait.

On trouve pour ce discours plusieurs argumentaires qui tournent autour des quelques points suivants :

  1. Les blocs ne sont pas transportables avec les moyens d’alors.
  2. La durée d’une vingtaine d’années serait irréalisable.
  3. Les blocs ont en réalité été moulés.

Concernant la construction de la pyramide, j’avais déjà traité de « l’impossibilité quant à la durée » et aussi de « l’impossibilité technique de la construction » dans l’article déconstruisant les propos de Grimault. Pour ceux qui se disent après avoir vu La révélation des pyramides que mathématiquement, ce n’est pas possible, je vous invite à faire une pause dans votre lecture et à aller lire mon précédent article et plus particulièrement la partie I.

On finit par se rendre compte que c’est totalement réalisable si on prend le temps d’y réfléchir posément plutôt que d’affirmer : « Pas possible ».

Au final, oui, avec peu de moyens techniques, avec juste la force humaine, il est possible de construire la grande pyramide dans la durée prévue. Maintenant, le débat historique sur la potentialité de la construction de la pyramide est quelque chose de bien argumenté, sourcé et établi. Là où le débat est ouvert, c’est sur la durée de la construction. 20, 22, 23 ans ? Il y a matière à discuter.

Quand au discours de : « Il était impossible de monter les blocs aussi haut. Les blocs de la pyramide Khéops ont en fait été moulés ! », il y a plusieurs choses à dire. Cette théorie des pierres moulées qui repose sur les propos de Davidovits, j’en ai déjà parlé dans un article également. Elle souffre de plusieurs écueils tant d’un point de vue archéologique que d’un point de vue technique, géologique. Voici donc en substance de quoi il était question :

1 – L’idée des blocs moulées est séduisante mais fausse. On peut observer des fossiles dans les blocs et on peut se rendre compte que les blocs proviennent d’une carrière située non loin du chantier de construction. Par ailleurs, on connaît la constitution des blocs et le type de roche qui est du calcaire.

2 – Les égyptiens avaient-ils la possibilité de mouler des pierres ? C’est une question que m’a déjà posé un lecteur en privé. Oui, ils avaient les matériaux et les capacités intellectuelles pour mouler des pierres. Mais il faut se demander s’ils en avaient besoin. Mouler des pierres n’a pas de sens quand vous avez à disposition des carrières de pierre. Quand vous voulez lancer un caillou dans l’eau, vous ne vous mettez pas en tête de le tailler, de le polir, etc, vous prenez une pierre qui est déjà. Il ne faut pas oublier que l’humain à tendance à aller au plus simple dès qu’il le peut.

3 – Les blocs moulés sont tous sous la forme d’un rectangle dans cette vidéo. C’est ne pas tenir compte de la structure de la pyramide et surtout de l’architecture anti-sismisque mise en place (volontairement ou non, c’est un débat ouvert). C’est à dire que, d’une part, la pyramide possède des couloirs et des chambres (espaces creux) donc même si on moule les blocs en rectangle, pour faire un couloir en diagonale, il y aura des modifications, probablement retaille. Donc si on en vient à tailler à un moment, on s’interroge sur l’intérêt de mouler parce que ça multiplie par deux le travail mine de rien. Secondement, les blocs sont loin d’être tous rectangulaires dans la pyramide. Par ailleurs, ils sont également de tailles différentes. Pourquoi ? Encore une fois dans une optique d’économie d’effort et de praticité. On taille, on ajuste et on insère les blocs. S’il fallait mettre les blocs au même format, cela prolongerait la durée du travail (or, la construction d’une pyramide dure déjà assez longtemps comme ça) et cela rendrait la structure moins stable.

4 – Les blocs de la pyramide ne sont pas tous des blocs du même type de roche, surtout en ce qui concerne la structure interne de la pyramide de Khéops. L’auteur de la vidéo et celui de la théorie élude complètement les blocs de granit qui sont les plus lourds et qui ont été taillés puis amené à leur place, en hauteur. Cette théorie est donc non applicable pour le granit donc il faut tout de même monter les blocs de granit de 70t pour les poser à l’endroit où nous pouvons les observer de nos jours.

5 – Cette théorie repose sur celle de Davidovits. Il faut savoir que ce dernier affirme se baser sur des prélèvements. Ces prélèvements concernent moins de 1% des blocs de la pyramide ce qui n’assure pas une représentativité suffisante pour en tirer une conclusion d’ordre générale.

6 – En guise de sources historiques sur la construction des pyramides : on a les fresques de construction, les outils retrouvés, les carrières encore en place à proximité, des traîneaux de bois de tractage des blocs (dont on connaît maintenant la technique de tractage : le « pont hydraulique »).

Encore une fois, nous disposons de suffisamment d’éléments qui mettent à mal ces théories et qui les rendent insuffisantes pour fournir des explications dignes de ce nom. Il est certains que tant que l’on ne recherche pas la réfutation de sa propre théorie, alors celle-ci semble fonctionner convenablement.

Que retenir ?

C’est finalement la question que l’on se pose à la fin. Il faut retenir en somme que la pyramidologie souffre de plusieurs problèmes :

  • Elle ne se ré-actualise pas au contraire de la science et malgré ce qu’elle en dit.
  • Elle fait preuve d’un caractère fortement orienté au détriment de la rigueur, du sérieux et d’une véritable méthode d’investigation. C’est particulièrement visible dans l’historiographie de la pyramidologie, à la vue de ses auteurs.
  • Il s’agit principalement d’erreurs ou d’argumentations et de propos fallacieux.
  • Elle se base pour une large part sur un raisonnement comparatif, en mettant plusieurs choses en parallèle et pour cela, elle tend à s’exporter sur des domaines qui n’ont rien à voir entre eux.

Voilà pour la méthode. Voyons voir ce qu’il en est du côté finalité et but :

  • La finalité de ces théories se rapproche de près ou de loin de l’idée selon laquelle il y a une histoire officielle fausse et une histoire officieuse, cachée, réelle.
  • Tout cela entraîne une fracture d’avec le réel qui aboutit à diverses conséquences chez les tenants de ces théories (l’état nous ment, nous vivons dans une société contrôlée).
  • Ces théories sont très souvent une simple porte ouverte vers les théories complotistes. Il n’est pas rare de trouver une dérivation vers l’idée du Nouvel Ordre Mondial ou encore l’idée d’une civilisation supérieure cachée.
  • Cet ensemble de théories repose sur le principe de progrès linéaire, sans perte, rejetant l’idée d’un savoir perdu et n’envisageant globalement pas les égyptiens comme étant parfaitement capables de réalisations architecturales de ce genre.

En somme, quand on analyse de manière critique cet ensemble théorique, on comprend aisément pourquoi les historiens et les scientifiques dans un cadre plus large ne cautionnent pas ces dernières. Le principale problème étant le manque de preuves suivit de très près par l’absence de sérieux des réflexions soumises au détriment des principes scientifiques. A cela s’ajoute une tendance à de nombreux biais mais surtout au biais de confirmations, dans lequel les tenants s’engouffrent régulièrement puisqu’ils ne recherchent jamais la réfutation. En somme, c’est de la pseudo-science.

Alors finalement, c’est quoi une pyramide ? Est-ce qu’il y a de quoi en faire tout un mystère ? Non, clairement pas. Il faut retenir en somme qu’une pyramide c’est  :

  • Une construction architecturale la plus aisément réalisable (structure en empilement) au niveau technologique d’alors.
  • Des théories scientifiques qui expliquent bien la chose même s’il consiste encore des parties où le débat reste ouvert.
  • Des finalités plutôt bien identifiées pour l’Egypte, c’est-à-dire des tombeaux.
  • Des datations sujettes à débat mais dont la fourchette de dates est de l’ordre de la dizaine d’année et non de plusieurs siècles voir millénaires comme la pyramidologie voudrait le faire croire.
  • Une documentation riche, technique et fournie en Histoire. Cela peut rendre la recherche et la connaissance du sujet compliqué mais rien n’est caché. Chacun peut lire sur le sujet le résultat d’études historiques. (A ce titre, je recommande les propos de J.P-Adam et notamment l’interview qui revient sur la révélation des Pyramides de Grimault et la participation d’Adam.)

Donc non, pas de mystère, pas de secret, pas d’histoire officieuse. Un mot de la fin à propos de la pyramidologie peut-être ?

Pyramidologie ? - Notions d'Histoire
Ou, de manière plus scientifique, de la pseudo-science.

19 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Ph. LEBOURG dit :

    On ne peut pas dire que ce blog brille au firmament de la pensée … scientifique! Je laisserai de côté les aspects de style et d’orthographe: on ne peut plus s’étonner de rien dans ce domaine de nos jours sur Internet: Par contre, dans la dimension anti-scientifique, il y a de quoi faire: amalgame, contrevérités, jugements hâtifs exaltés en vérité scientifique, procès d’intention, raisonnements foireux, affirmations sans preuves, on peut trouver à boire et à manger. Mais c’est plutôt indigeste…

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    1. Ardes dit :

      A la suite de votre commentaire, j’ai effectué une réponse appuyée dans un article que vous pourrez trouver ici : https://notionsdhistoire.wordpress.com/2017/11/24/pierres-moulees-et-theiere-cosmique-monsanto-galilee-et-autres-joyeusetes-reponse-critique-a-un-commentaire/

      Je vous en souhaite une bonne et agréable lecture qui sera, je le pense, enrichissante intellectuellement sur plus d’un point.

      Cordialement.

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  2. Ph. LEBOURG dit :

    (suite 1)
    Commençons par l’amalgame: mettre dans le même sac Davidovits, Grimault et plein d’autres me paraît aussi anti-scientifique que de faire un seul tas avec tous les gens qui ont cru qu’on ne pourrait jamais utiliser des trains, des voitures automobiles ou le téléphone (et il y en eut, y compris des « scientifiques » réputés en leur temps!).
    Il est sûr que chacun qui croit pouvoir apporter une pierre à l’édifice de la connaissance humaine ne prend pas forcément les bons chemins pour rester dans le domaine de l’hypothèse et s’aventure parfois à des extrapolations voire des théorisations bien incertaines. Mais la connaissance accumulée a aussi bénéficié parfois de ces « inventeurs », qu’ils soient référencés comme écrivains, « pyramidologues » ou autres. Pour ce qui concerne Davidovits par exemple, le fait qu’il ait démontré la possibilité de créer localement un béton de pierre avec les matériaux disponibles sur place en Égypte et des techniques rudimentaires à un coût humain et de matières premières minimal n’a pas seulement contribué à lever des obstacles formidables sur la compréhension de l’agencement et de la forme de certains blocs, mais aussi sur les traces relevables sur d’autres (traces « en impression » de bois, de cordages). De plus son travail n’a rien à voir avec les allégations que vous faites que tout ce « petit monde » de la « pyramidologie » baigne dans un même jus de conspirationisme et de pseudo-science occultiste ou ufologique.

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  3. Ph. LEBOURG dit :

    (suite 2)
    Pour les contrevérités, il suffira de s’en tenir à un exemple: « Mouler des pierres n’a pas de sens quand vous avez à disposition des carrières de pierre ». C’est juste tout le contraire! Mouler des pierres est beaucoup plus facile (en termes de main d’œuvre), économique (en temps humain et en moyens matériels), moins long (pas de taille difficile, pas de transport laborieux) que d’utiliser de la pierre taillée. Demandez donc aux maçons s’ils préfèrent utiliser leur force à monter des murs en faisant des briques (ou des blocs de béton) sur place ou s’ils préfèrent pour cela tirer des chariots (eh oui, pas de véhicule à moteur surpuissant autorisé dans ce cas!) pour apporter sur place les éléments préfabriqués beaucoup plus lourds et malaisés à manipuler: à mon avis, à part pour les éléments de structure tels que les linteaux, il n’y a pas photo.
    Pour la série jugements hâtifs, voici: « L’idée des blocs moulées est séduisante mais fausse. On peut observer des fossiles dans les blocs et on peut se rendre compte que les blocs proviennent d’une carrière située non loin du chantier de construction. Par ailleurs, on connaît la constitution des blocs et le type de roche qui est du calcaire. » D’où tenez-vous l’idée que les éléments fossiles ne peuvent pas être partie de morceaux de roche plus grossiers que la moyenne des granulats utilisés pour un béton de pierre? Jamais vu de mortier de béton avec pierre entières? Qui a dit que le calcaire ne devait pas provenir des carrières environnantes? Par contre, la question intéressante est: « sous quelle forme? »!
    Pour les procès d »intention, raisonnements foireux et affirmations sans preuve, je m’arrêterai à ceci je fais un paquet, la nausée me guette):  » donc même si on moule les blocs en rectangle, pour faire un couloir en diagonale, il y aura des modifications, probablement retaille ». Brillantissime démonstration … de rien. On commence par dire « dans la vidéo, tous les blocs sont moulés en rectangle », acte 1; donc (?) les blocs seront tous moulés de la même façon, en rectangle (comme des briques ou des moellons de béton), acte 2, pas vraiment explicite mais implicite dans la suite du raisonnement; or -citation- « même si… retaille », acte 3 (fort juste!); donc c’est débile de vouloir voir des pierres moulées, acte 4. Bravo! On commence par observer un échantillon de démonstration, présupposer une prémisse -inexistante- dans les arguments de l’auteur de l’hypothèse d’origine, on affirme une vérité d’évidence, et on en tire la conclusion logique qu’il y a une faille dans le raisonnement. Oui, mais lequel? Et où? Je laisse chacun y réfléchir.

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  4. Ph. LEBOURG dit :

    (suite 3)
    Selon moi, la science ne progresse pas en démontant tout avec une même mécanique. De la même façon, les pyramides n’ont vraisemblablement pas été construites avec une seule technique (je crois que Grimault en relève neuf, ça n’apparaît pas dans la critique: manque intentionnel?). Un des problèmes présents chez bon nombre de personnes (‘pyramidologues » ou non) est de céder à la tentation de l’explication universelle, celle qui élimine toutes les autres.Or de la même manière qu’on peut avoir à la fois des convergences d’intérêts qui amènent à créer du secret (cf. Monsanto, par ex.) voir publier des contrevérités (le même) ET des ignorances ou des oublis de savoir (combien de savoirs artisanaux se sont perdus ces dernières dizaines d’années?), on peut très bien tabler sur la disparition de savoirs
    (fabrication de béton de pierre) ET sur l’occultation volontaire potentielle de vérités par des pouvoirs (politiques, religieux, économiques, scientifiques) soucieux de garder leur force, richesse et/ou prestige.
    Bonne lecture d’une réalité multidimensionnelle! Et bienvenue dans un monde sans chasse à l’homme.

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  5. Claude Courty dit :

    Il n’en demeure pas moins que sans le moindre occultisme, la pyramide est la représentation (à ses déformations circonstancielles et à son lissage près) universellement reconnue, de toute organisation hiérarchique, comme l’est celle de la société humaine et de bien d’autres espèces.
    Il est alors question de « pyramidologie sociale ».
    Voir à ce sujet : « Précis de pyramidologie sociale »
    [zip du lien commercial]

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    1. Ardes dit :

      Bonjour et merci de votre remarque.

      Je me suis permis de retirer le lien commercial étant donné que ce n’est pas ce que je souhaite sur mon site.

      Par ailleurs, je ne vois pas le lien avec mon article qui traite de la pyramidologie au sens premier du terme et votre précision. Quel est le rapport ?

      Qui plus est, la représentation sous forme de pyramide n’est qu’une représentation de la structure hiérarchique parmi tant d’autres. ON pourra penser à des représentations en tour, en barre, en organigramme voir même cyclique.

      Cordialement.

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      1. Claude Courty dit :

        Je serais curieux de voir ce que sont exactement ces représentations de structures hiérarchisées que vous évoquez.

        Je précise par ailleurs, puisque vous dites ne pas l’avoir compris, que le lien avec votre article consiste à en élargir le champ, en dépassant la vision occulte et limitée de la pyramide.

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      2. Ardes dit :

        Bonjour.

        Le thème de l’article étant la pyramidologie, en l’occurrence une pseudo-science, il n’y a pas de lien avec la pyramidologie dans le contexte sociologique dont vous parlez.

        Cordialement.

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      3. Claude Courty dit :

        Si vous le dites …

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      4. Ardes dit :

        Il suffit de lire l’article juste au-dessus pour vous en rendre compte.

        Cordialement.

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  6. raven dit :

    Cher Ardes,
    je partage l’avis que vous vous limitez vous même à de la pseudo science sans démonstration ni référence pour vos propos bien souvent vide de la précision scientifique que je recherche sur ce sujet vaste et loin d’être aussi limité que  »les pyramides c’est comme un gros tas de sable que fait bébé à la plage ».
    Un peu d’ouverture d’esprit vous permettrais sans doute de voire que oui il y a matière à se posé des questions sur ce qu’il nous a été appris et sur ce que l’on pourrais nous cacher.

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    1. Ardes dit :

      Bonjour,

      A la lecture de votre commentaire, j’ai l’impression que vous ne savez pas réellement ce que veux dire pseudo-science, ce qui n’est pas sans me chagriner.

      Sachez également que l’ouverture d’esprit n’est pas un laisser-passer pour les idées farfelues. Concernant donc la pyramidologie et « ce que l’on pourrait nous cacher » selon vos propres termes, je reste en attente de vos arguments, preuves et révélations sur ce qu’on nous cacherait hypothétiquement.

      Cordialement,
      Notions d’Histoire.

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  7. Claude Courty dit :

    @ ARDES

    À toutes fins utiles, je vous informe que je suis pleinement d’accord avec ARDEN et PH.LEBOURG quant à l’esprit étriqué avec lequel vous considérez l’étude des pyramides et de la pyramidologie. Il s’agit de questions dépassant manifestement vos compétences, que vous pensiez en traiter scientifiquement ou pseudo scientifiquement.
    Je me permets donc, en échange de vos observations sur mes travaux, de vous conseiller de vous occuper d’autre chose, à propos de quoi vous pourriez avoir des arguments et des prétentions mieux établies.

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    1. Ardes dit :

      Bonsoir.

      Je vous remercie de votre commentaire et de votre attention tout particulière quant à mes compétences, mes prétentions et ce qui va de pair.

      Je vous rassure, cela se porte assez bien.

      En revanche, j’attends toujours les arguments, preuves et démonstration que vous pourriez à avoir à émettre vous ou une des personnes que vous citez quant à la pyramidologie.

      Je ne peux également que vous recommander la lecture des articles complémentaires en rapport avec ce sujet pseudo-scientifique qu’est la pyramidologie. Vous trouverez facilement d’autres articles sur ce sujet sur ce site même.

      Avez-vous donc quoi que ce soit de pertinent et de probant à avancer autre que du dénigrement ?

      Cordialement,

      Notions d’Histoire.

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  8. Norberto dit :

    Bonjour.
    Les pyramides sont de la pure imagination !
    Elles existent bien, mais n’ont pas été construites tel qu’on entends par construire.
    Elles seront imaginées, dans le futur par l’intelligence artificielle (IA), et sa civilisation détruite dans le passé par l’Intelligence Humaine (IH)
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    à bientôt.
    Norberto

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    1. Ardes dit :

      Bonjour.

      Je vous remercie de votre commentaire mais je me vois forcé d’y apporter une réponse stricte et directe. C’est pure spéculation gratuite et fantasme.

      « Ce qui est affirmé sans preuve peut être réfuté sans preuve. »

      Je n’accorderai donc pas plus de crédit à votre « théorie ».

      Cordialement.

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